CHAPITRE IX

Sommaire

Fiefs dépendant de La Norville : la Boucherie de Châtres. - Voisins-le-Bretonneux. - Varennes ou la Maison-Rouge. - Videlles. - Viviers. - Le Bois de Presle. - La Lance. - La Rue du clos. - Marivatz. - Vallorge. - Les Bois-Défendus.

Les seigneuries de La Norville et de La Bretonnière ayant été réunies au XVIe siècle, il est assez difficile de déterminer, parmi les nombreux fiefs dépendant de ces terres, quels étaient ceux qui relevaient séparément de chacune d'elles avant cette réunion. Les documents existants permettent cependant de rattacher à la seigneurie de La Norville le fief des Boucheries, dans la ville de Châtres, et le fief de Voisins-le-Bretonneux. Les autres : Varennes ou la Maison-Rouge, Videlles, Viviers, le bois de Presle, la Lance, la Rue du Clos, Vallorge, Cochet ou les Bois-Défendus pouvaient originairement dépendre de l'une ou l'autre seigneurie. Ils ont été rattachés à La Norville par le partage de 1601, consenti entre les héritiers de Charles Leprince. La seigneurie des Granges et ses dépendances a été réunie à La Bretonnière par l'héritage qu'en fit en 1508 Pernelle de Brichanteau, veuve de Pierre Leprince. Les Granges, avec les autres fiefs, furent rattachées à La Norville en partie par le partage de 1601, en partie par des acquisitions que firent à la même époque Josias Mercier et Anne Leprince. Ecrire l'histoire résumée de ces fiefs sera compléter l'histoire de La Norville et de sa seigneurie.

On peut admirer œuvre d'égalité accomplie dans la fameuse nuit du 4 août 1789. Chaque commune, chaque paroisse, chaque partie de territoire, pour ainsi dire, a été rendue indépendante par l'abolition de la féodalité. Varennes, Videlles, le Bois de Presle, la Lance, Viviers, Voisins-le-Bretonneux, les Granges, à partir de cette époque, n'ont plus eu de rapports avec la Norville. Devenues libres, ces paroisses ou ces portions de paroisses ont été isolées. Un groupe de seigneuries ou de villages, à causes des relations établies entre eux, présente ordinairement à l'investigation quelque intérêt. En dehors de circonstances exceptionnelles, une paroisse seule, vu son peu d'importance, ne peut avoir de célébrité. En commençant à jouir de la liberté, les fiefs dont nous avons parlé ont cessé d'avoir une histoire. En devinrent-ils plus heureux ? C'est une question que nous ne nous permettrons pas de trancher(1).

La Boucherie de Châtres

Dès le XIIe siècle, les seigneuries de La Norville avaient des droits sur les Boucheries de Châtres. En 1190, ces droits furent contestés par le prieur de l'église Saint-Clément de cette ville. La querelle fut portée devant Maurice de Sully, évêque de Paris. Par l'intervention de ce prélat, le prieur abandonna ses prétentions, et Comtesse, dame de La Norville, avec Robert de Repenti et Jean des Granges, céda comme compensation aux religieux une hotisse que tenait Renaud de Chevreuse, deux sols huit deniers de cens, six deniers de garde et le droit de pressurage sur les vignes du prieur de Longevilliers, douze deniers de cens et le droit de pressurage sur la vigne d'un nommé Gérard Luce. A partir de cette époque, les seigneurs de La Norville possédèrent sans conteste le fief des Boucheries(2).

Ce fief fut vendu avec la seigneurie par Jacques de Beaujeu à Pierre Leprince en 1474. Au XVIe siècle, il consistait en 4 livres 10 sols de cens et rente, payés chaque année le jour de la Saint- Blaise, et en cinq quartiers de mouton, fournis au jour de l'Ascension, à prendre sur la boucherie et les étalages des bouchers à Châtres. Cette boucherie, probablement l'abattoir, et les étalages où les viandes étaient vendues, se trouvaient dans la grande rue de la ville, de l'autre côté du pont, en tirant sur la porte de Paris.

En 1660, les boucheries n'existaient plus. Sur leur emplacement avaient été construites plusieurs maisons d'habitations avec cours et jardins; l'une d'elles, appelée le Heaulme, était possédée alors par Nicolas Cordeau, Clément Dupont, Pierre Royauton, Louis Lendemain et Etienne Bruyant. Sur ces maisons, Louis Mercier, seigneur de La Norville, percevait 36 sols un denier de censives.

Le fief des Boucheries était dans la mouvance de Bruyères-le-Châtel. Les seigneurs de La Norville, Pierre Leprince, son fils Charles, Louis Mercier et les autres, en firent toujours dans le temps et les circonstances marqués par la coutume les actes de foi et d'hommage, aveux et dénombrements jusqu'en 1772, époque à laquelle ce fief fut cédé par le marquis de La Grandville au comte de Noailles, duc de Mouchy, seigneur d'Arpajon.

Voisins-le-Bretonneux

Lorsque Jean le Breton rendit au roi Charles V, en 1366, à cause de sa maison de La Norville, un aveu et dénombrement de ce qu'il tenait en fief de ce prince, il fit mention de cinq arrière-fiefs dépendant de sa seigneurie et sis à Voisins-le-Bretonneux, près Châteaufort. Le premier était tenu par Jean Drouas, chevalier, au nom de sa femme, fille de Pierre Villebon, écuyer, décédé; le second, par Jehan de Voisins, fils de Jehan du même nom; le troisième, par un autre Jehan de Voisins, chevalier, fils de Guillaume du même nom, aussi chevalier; les deux autres par Guillaume Arsens, au nom de sa femme, fille de Gervais Deleuvre, décédé.

Dans la suite des temps, ces fiefs prirent différents noms. A la fin du XVe siècle, on les appelait : le fief de Guernot-Méridon, le fief de Michel Leboeuf, le fief de Voisins, le fief de Versailles et l'arrière-fief de Huc Noisi. Situés en la paroisse de Voisins-le-Bretonneux, ils relevaient en quatre foi et hommages de la seigneurie de La Norville. Suivant un aveu du 4 janvier 1528, rendu à Charles Leprince, ils consistaient en plusieurs cens et rentes à prendre tant sur le château de Méridon, près Chevreuse, que sur une propriété sise à l'endroit appelé Versailles et possédée autrefois par Michel Leboeuf, secrétaire du duc de Berry, devenu en 1413 évêque de Lodève, et sur plusieurs autres terres en la paroisse de Voisins.

Plus tard, ce village et les fiefs dépendant de La Norville furent enclavés dans le grand parc de Versailles. Au temps de Jean-Baptiste Choderlot de La Clos, en 1685, le fief de Voisins consistait en justice et autres droits seigneuriaux, château, jardin, parc, terres labourables, bois, prés, autres dépendances, et soixante livres de censives.

En 1601, la mouvance de ce fief avait été estimée à la somme de 10 écus; en 1681, à celle de 90 livres. Les droits de mutation payés en 1685 par les héritiers de Pierre Gilbert, conseiller au Parlement, montèrent à la somme de 440 livres.

A la fin du XVe siècle, les fiefs de Voisins-le-Bretonneux, mouvant de La Norville, étaient possédés par Robert de La Villeneufve. Le 11 mars 1523, la fille de ce dernier, Olive de La Villeneufve, veuve de Marie de Béron, en porta la foi et l'hommage à Charles Leprince. Jean de La Barre, comte d'Etampes et prévôt de Paris, acheta ces fiefs d'Olive de La Villeneufve. Ses enfants en héritèrent, et les fiefs furent divisés. Charles de Varie, époux de Renée de La Barre, en possédait les deux tiers, en 1545, au nom de ses enfants mineurs Jean et Marguerite. L'autre tiers était entre les mains de Pierre Gilbert, avocat au Parlement. En 1548, le même Pierre Gilbert, ayant acquis par échange le tiers de ce que possédaient les mineurs de Varie, se trouva, par ce contrat, en possession de la plus grande partie du fief de Voisins. Ce qui en restait fut donné, en 1574, par Denise de La Barre à l'église Saint-Martin de Jouy en Josas, suivant un acte passé devant Me Vacher, notaire à Montlhéry. Le curé de Jouy-en-Josas, messire Jacques Marlet, et Me Guillaume Guesnard, greffier de ce lieu, rendirent, comme procureurs des habitants, hommage de cette partie de ce fief au seigneur de La Norville et de La Bretonnière le 25 décembre 1574. Le 24 juin 1580, Guillaume Pelletier, marguillier de l'église de Voisins, remplit le même office. Peu à peu, la mouvance de cette partie s'égara, et l'église de Jouy en Josas fut délivrée de ses redevances.

Le reste du fief de Voisins demeura dans la famille des Gilbert. Pierre Gilbert, premier du nom, étant mort en 1599, sa veuve demanda la même année l'exemption pour ses enfants mineurs des formalités et soumissions requises en cas de décès. En 1617, le 24 juin, Pierre Gilbert, l'un de ces enfants, conseiller au Parlement, remplit les devoirs féodaux prescrits par la coutume devant Josias Mercier. En 1685, ce fief était possédé par un autre Pierre Gilbert. En 1688, il appartenait par indivis à Pierre Gilbert, conseiller au Parlement, et aux enfants mineurs de Raphaël Gilbert, décédé, et de Marie Dianée Aagen de Lohéac de Crapadeau, leur mère et tutrice. Au XVIIIe siècle, les seigneurs de La Norville se montrèrent peu exigeants envers les propriétaires du fief de Voisins. Loin de réclamer les droits et les devoirs qui leur étaient dus, ils en vinrent même à négliger cette dépendance de leur domaine à tel point que, dans l'acte par lequel Jules-Nicolas Duvaucel vendit sa seigneurie à Louis René de Boisgiroult, en 1759, on ne donna qu'une simple mention au fief de Voisins-le-Bretonneux avec cette addition : au cas qu'il existe encore.

Varennes ou La Maison-Rouge

Les fiefs de Varennes, la Maison-Rouge et leurs dépendances, en la paroisse du Val de Puiseaux, vers la Ferté-Aleps, en la coutume de Paris, consistaient en maisons, clos, granges, étables, bergeries, cour, colombier, justice, garenne, 94 livres 4 sols 6 deniers de menus cens, cinquante et une chapons et dix-huit poules de surcens, dix-sept septiers, trois boisseaux de blé froment, vingt et un septiers trois boisseaux d'avoine, mesure d'Etampes; en foncières et seigneuriales à prendre sur différents héritages aux terroirs de Varennes et la Maison-Rouge; en 120 arpents de terres en plusieurs pièces, savoir : 4 arpents près l'hôtel de la Maison-Rouge; 16 arpents près le même lieu; 12 arpents au champtier du Vau-Gautier; 11 arpents au champtier du Petit-Frégneville, près le carrefour; 20 arpents près les Varennes; 9 arpents au champtier de Varennes, traversés par le chemin de Maisse à Etampes; 4 arpents de friches au champtier de Beaumont; 40 arpents au même champtier de Beaumont; 75 perches au-dessus de la Maison-Rouge; un arpent 25 perches d'une pièce; un arpent d'une autre pièce; plus 2 arpents au même lieu. Le fief Enguerrand, sis en la paroisse de Beaulieu, au champtier du Puits-Sauvage, et consistant en une pièce de terre de douze arpents, était encore une dépendance de la Maison-Rouge. Cet arrière-fief était possédé, en 1661, par messire Jean de Gaulmont, seigneur de Saussay, conseiller en la Cour de Parlement. Varennes, la Maison-Rouge et leurs dépendances relevèrent d'abord de La Bretonnière, puis de La Norville. Ils étaient chargés envers le seigneur de ces paroisses, suivant la coutume de Paris, des profits ordinaires de mutation, d'un cheval de service, des autres droits et devoirs accoutumés. En 1601, la mouvance de ces fiefs fut évaluée à la somme de 120 écus; en 1681, à la somme de 1,100 livres.

En 1481, Varennes et la Maison-Rouge étaient possédés par Jean de Châtillon, écuyer, seigneur de Moncontour. En 1515, les biens de ce seigneur ayant été saisis et vendus, Hélène de Chambez, dame de Boissée, Chilleuse et Farcheville, veuve de Philippe de Commines, chevalier, seigneur d'Argenton, les acquit par décret de la Cour de Parlement et en rendit hommage à Charles Leprince, seigneur de La Bretonnière, agissant au nom de sa mère Pernelle de Brichanteau. Vers cette époque, le receveur des domaines du roi à la Ferté-Aleps voulut s'emparer, au nom du souverain, de la mouvance de ces fiefs. Hélène de Chambez et Charles Leprince s'opposèrent à ces prétentions renouvelées de celles qu'avait autrefois élévées le duc d'Orléans, depuis roi de France, à cause de son château de La Ferté. Les prétentions du duc ayant été repoussées, celles du roi le furent encore. Une sentence du bailliage de La Ferté, en date du 27 septembre 1520, attribue, d'après les anciens titres, la mouvance de Varennes et de la Maison-Rouge au seigneur de La Bretonnière.

Jean de Bretagne, comte de Penthièvre, succéda à Hélène de Chambez dans la possession de ces fiefs. Il les céda quelque temps après à Claude de Châtillon, baron de La Grérie et d'Argenton, qui devint alors seigneur de Varennes, Malvoisins, Malhare, Brohars, du lieu et manoir de la Maison-Rouge. Le 22 juin 1536, Claude de Châtillon vint au château de La Bretonnière pour rendre foi et hommage au seigneur de ce lieu. Charles Leprince étant absent pour les affaires du roi, Claude de Châtillon fut reçu par Thomas Gallois, serviteur de ce seigneur, ayant commission de son maître pour prendre la foi et l'hommage de ses vassaux. Claude de châtillon, baron d'Argenton, en présence de Thomas Gallois, ôta son épée et ses éperons, mit un genou en terre et, nu tête, baisa les serrures de la porte principale du château en signe d'obéissance et promit de payer à son suzerain, comme droit de mutation, le revenu d'une année provenant de ces fiefs, au dire d'experts, ou la somme de 120 livres tournois, se soumettant d'ailleurs pour le reste au bon jugement du seigneur de La Bretonnière.

En 1583, un autre Claude de Châtillon, chevalier de l'ordre du roi, seigneur et baron d'Argenton, remplit les mêmes formalités devant un autre Charles Leprince. En 1596, Charles de Châtillon succédait à son père. En 1610, Gilles de Châtillon, chevalier, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, possédait Varennes et la Maison-Rouge. Ces terres passèrent à sa fille Philiberte de Châtillon, épouse de Henri de Gournay, chevalier, comte de Marcheville, qui les vendit, en 1636, à Etienne Jupin, conseiller, secrétaire du roi maison-couronne de France et de ses finances. Celui-ci, mourut le 7 décembre 1642.

De son mariage avec Lucrèce Jousselin, il avait eu douze enfants : huits garçons : Maximilien, l'aîné, alors âagé de dix-huit ans et demi; Etienne, Charles aîné, Jean, Charles, puîné, François, Léon et Nicolas; et quatre filles : Jeanne, Anne, Renée et Lucrèce Jupin. Ces enfants mineurs, à cause même de leur âge, ne pouvaient prêter au seigneur de La Norville, alors Louis Mercier, le serment de fidélité prescrit par la coutume, ni faire leur acte de foi et hommage. Ils demandèrent et obtinrent dispense de ces formalités, le 16 janvier 1643. Etienne Jupin étant mort et Anne Jupin ayant fait profession en l'abbaye de Notre-Dame, à Meaux, les frères et les soeurs demandèrent encore, au mois de septembre de la même année, l'exemption des formalités à remplir à propos de l'héritage qui leur était advenu par la mort de leur frère et la profession religieuse de leur soeur.

Le 9 juillet 1661, Maximilien Jupin, chevalier, baron de Bouville, était en possession des fiefs de Varennes et de la Maison-Rouge. Il en rendit en son propre aveu et dénombrement à Louis Mercier et mourut le 8 décembre 1673. Etienne Jupin, seigneur de Dorvans; Nicolas Jupin, seigneur de Bretonvilliers, ses frères; Anne et Renée Jupin, ses soeurs; Lucrèce Jousselin, sa mère, l'avaient précédé dans la tombe. Au mois d'août 1674, Charles Jupin l'aîné, seigneur d'Emerville; Charles Jupin le jeune, seigneur de Beaumont; François Jupin, chevalier, seigneur de Dorvans; Jean-François Jupin, seigneur de la Tour, docteur en théologie de l'Université de Paris, chamoine et archidiacre de l'église cathédrale de Verdun; Léon Jupin, chevalier, seigneur de Montlouis, capitaine au régiment de la marine, en garnison à Maëstricht, recueillirent l'héritage de leurs frères, de leurs soeurs et de leur mère. Ils remplirent en cette année les devoirs féodaux auxquels ils étaient astreints. Quelques-uns d'entre eux se montrèrent plus négligents dans les années 1692 et 1693. Leurs terres furent saisies pour non-aveu à la requête de Jean-Baptiste Choderlot de La Clos, seigneur de La Norville. Main-levée leur fut seulement donnée, le 21 janvier 1694, lorsque les survivants de la famille Jupin, Charles l'aîné, chevalier, seigneur de Fracheville; Charles le jeune, chevalier, seigneur de Beaumont; Jean-François, seigneur de la Tour, archidiacre de Verdun, eurent rendu de leurs terres et héritages aveu et dénombrement. François Jupin, seigneur de Dorvans et Léon Jupin, seigneur de Montlouis, étaient morts à cette époque. En 1696, Charles l'aîné mourut à son tour. En 1702, il n'existait plus de cette nombreuses famille que Jeanne Jupin, veuve de François Chaillon, chevalier, seigneur de Coisy, et Jean-François Jupin, seigneur de La Tour. En 1704, celui-ci restait seul.

Résidant à Verdun, lieu de son bénéfice, il se défit des fiefs de Varennes et de la Maison-Rouge et les vendit à François Maynon, conseiller du Roi en la cour du Parlement. Le fils de ce dernier, Vincent Maynon, chevalier, aussi conseiller en la Cour de Parlement, hérita de ces terres et mourut en 1738 laissant, de son mariage avec Marie-Agnès Bouvars de Fourqueux, trois fils : Vincent-Michel Maynon, qui lui succéda dans sa charge ; Guillaume-François et Etienne Maynon. L'aîné, Vincent-Michel, hérita de Varennes et de la Maison-Rouge ainsi que des seigneuries de Farcheville, Bouville et Villemartin. En 1742, il était conseiller du Roi en ses conseils, et président de la quatrième chambre des enquêtes au Parlement. En 1789, les fiefs de Varennes et de la Maison-Rouge étaient en la possession de ses descendants.

Videlles

Les titres qui se rapportent au fief de Videlles, près Milly, en Gâtinais, en la coutume d'Etampes et dans la mouvance de La Bretonnière, puis dans celle de La Norville, remontent au commencement du XIVe siècle. En 1340, ce fief comprenait : l'hébergement ou manoir de Videlles entouré d'un jardin; la justice moyenne et basse; cinq arpents de terre sur le chemin de Milly; vingt-quatre arpents et demi de terre au Bois de Boutigny; un arpent de vigne environ au Bois-Garreau; trois droitures et trois quarts d'une droiture, chacune comprenant trois septiers de froment, trois septiers de seigle et trois septiers d'avoine; 8 livres parisis environ de cens, perçues à Videlles le jour de Saint-Rémy; quelques menus cens dans la ville de La Ferté et sur le territoire du Mesnil; plusieurs arrière-fiefs :
- 1° celui du Mesnil, tenu en 1328 par Jean Mesbard, gendre de Jean Chesnot, décédé, en son vivant bourgeois de La Ferté, comprenant : les deux arpents de terre du manoir du Mesnil avec deux autres arpents de terre dépendant de ce manoir; environ deux arpents de terre au terroir du Mesnil, tenant à un nommé Berthault Daubeterre, et à la Corne-Brisée; vingt-six arpents en quatre pièces, au même terroir, tenant encore à Berthault Daubeterre; sept arpents au val de Guigneville; un arpent au même lieu, tenant au sieur de Villiers et à Berthault Daubeterre; une autre pièce d'un arpent tenant au même, et neuf arpents de bois au-dessus du Mesnil;
- 2° Le fief de Boigny, tenu en 1338 par Renaud de La Salle, bourgeois de La Ferté, comprenant : un friche d'environ un quartier, appelé le Courtil de l'Isle, près Boigny; 21 sols de cens perçus chaque année à Boigny; une droiture et demie reçue au même lieu le premier jour de l'année; le champart sur plusieurs terres labourables, au val de Bosne, produisant trois mines de grain;
- 3° Le fief de Messis, en la paroisse de Chevannes, châtellenie de Corbeil, tenu en 1378 par Jean Lepastre, bourgeois de Paris, comprenant 14 arpents de terre en une pièce, au terroir de Fontenay, près Messis;
- 4° Un autre fief à Messis, tenu en 1390 par Simon de Villebon, écuyer, demeurant à Milly, comprenant toutes les maisons, masures et jardins, de la contenance d'environ deux arpents et demi, situés autour de l'hôtel de Messis; trente-six arpents de terres labourables au terroir de ce lieu; deux arrière-fiefs, à Messis et à Leignes, tenus, l'un par Christophe Després, et l'autre par Me Jacques Cornu;
- 5° Un fief tenu en 1347 par Laurent Lencesne, bourgeois de La Ferté, comprenant : deux arpents environ de terre tenant au chemin de Guigneville au Mesnil-Mingot; un arpent environ au val de Guigneville, champtier du Colombier;
- 6° Un autre fief tenu en 1341 par Simon de Mélanfroy, comprenant quarante arpents de terres et bois au finage des fries.

Quelques-uns de ces arrière-fiefs gardèrent leurs noms; d'autres les perdirent dans la suite des temps. Au XVe siècle, on les appelait : le fief de Messis, le fief de Rouvray, le fief de Guillaume Proust, le fief Jehannin, le fief de Dourdan et le fief de Boigny.

La consistance du fief de Videlles changea aussi d'une manière considérable. En 1670, il ne comprenait plus qu'un manoir en ruines, sis à Videlles, avec les jardins et terres y attenant, la moyenne et basse justice, cinq arpents de terre au chemin de Milly, vingt-quatre arpents près le chemin de Boutigny, un arpent au lazzi Garreau, 8 livres parisis environ de cens, trois droitures et les trois quarts d'une autre. Les six arrière-fiefs ci-dessus nommés faisaient toujours partie de la seigneurie, mais on n'en connaissait plus alors ni la situation, ni les propriétaires. La mouvance du fief de Videlles, estimée à 50 écus, dans le partage de 1601, fut évaluée, en 1681, à la somme de 316 livres.

La seigneurie de Videlles était possédée en 1328 par Simon de Macy, chevalier; en 1347, par Gui du même nom; en 1378, par Aleps, veuve de Hubert de Poinet ou de Pointe. C'est elle qui rendit, vers cette époque, un aveu et dénombrement à Jean le Breton, écuyer, seigneur de La Bretonnière, par-devant Jacques Fouquint, garde de la prévôté de Macy, ce qui laisse supposer que cette Aleps était fille et héritière de Gui de Macy. En 1394, Videlles était en la possession de Jean Fourcault, procureur en Parlement. Après un vide de plus d'un demi-siècle, on trouve à la tête du fief de Videlles, en 1472, Guillaume Lamy, clerc, notaire et secrétaire de Louis XI.

Louis de Vendôme, qui vivait en 1518, puis François du même nom, prince de Chabannais, vidame de Chartres, capitaine de cinquante hommes d'armes, succédèrent à Guillaume Lamy. François de Vendôme vendit la seigneurie de Milly et la terre de Videlles à Nicolas Daubray, notaire, secrétaire du Roi. Celui-ci, le 8 novembre 1552, rendit foi et hommage à Charles Leprince et paya, pour droits de mutation,la somme de 6 écus d'or sol. Vingt ans plus tard, Milly et Videlles passèrent aux mains de Henri de Montmorency, seigneur de Damville, maréchal de France, gouverneur du Languedoc. Celui-ci se défit de ces terres et les vendit, en 1579, à Henri Closse, chevalier, conseiller du Roi, ambassadeur de France en Suisse, seigneur de Fleury, qui s'en dessaisit lui-même quelques années après, en 1584, en faveur de François Daverton, chevalier des ordres du Roi, conseiller d'Etat, comte de Belain et baron de Milly. Videlles demeura dans la famille des comtes de Belain jusqu'en 1658. A cette époque, ce fief fut vendu par décret de la Cour de Parlement et acheté par Jean Perrault, conseiller du Roi, président de la Cour des Comptes.

Les seigneurs de La Bretonnière et de la Norville avaient jusqu'alors perçu sans difficulté les droits de mutation et reçu les actes de foi et d'hommage, les aveux et dénombrements du fief de Videlles. Ils n'avaient fait saisir féodalement cette terre que deux fois : en 1595, au moment des guerres, et, en 1618, pour non-aveu. Avec Jean Perrault, les choses changèrent de fac. Tout d'abord Louis Mercier, seigneur de La Norville, dut lutter pour conserver à sa seigneurie la mouvance de Videlles. Le président Perrault, après son acquisition, refusa de payer les droits de mutation et de rendre foi et hommage, sous prétexte que la baronnie de Milly, qu'il avait acquise, et la terre de Videlles, ne dépendaient que du Roi. Pour montrer la justesse de ses prétentions, il citait un aveu et dénombrement de la terre de Milly, rendu au Roi, en 1383, par Henri de Thieuville, dans lequel était comprise la seigneurie de Videlles; un autre semblable, rendu, le 3 août 1393, par Jean, seigneur de Montmay et de Milly; et un troisième, du 8 ostobre 1457, rendu dans les mêmes termes par un autre Jean de Montmay et de Milly.

Louis Mercier produisit à son tour les titres qui lui donnaient le droit de suzeraineté, et la cause fut portée aux requêtes du Palais, à Paris, le 6 février 1611. Sur le rapport du conseiller Jean Quentin, le 16 novembre 1666, la Cour, tout vu et considéré, faisant droit à la demande de Louis Mercier, déclara la terre et seigneurie de Videlles mouvante et relevante du dit Mercier à cause de sa terre de La Norville et condamna le président Perrault à payer les droits seigneuriaux dus à cause de son acquisition et à rendre foi et hommage, aveu et dénombrement. Jean Perrault fit appel de cette sentence devant la Cour de Parlement. Le 8 juin 1669, cette Cour rendit son arrêt. Elle confirma purement et simplement la sentence des premiers juges et condamna le président de la Cour des Comptes à une amende de douze livres.

Vaincu sur le fond, Jean Perrault rendit, le 9 décembre 1670, par l'intermédiaire de Jacques Néret, procureur fiscal de la terre de Milly, foi et hommage, aveu et dénombrement du fief de Videlles au seigneur de La Norville, mais il éleva de nouvelles difficultés sur la consistance du fief lorsqu'il s'agit de fixer la somme des droits de mutation. Louis Mercier, fatigué de douze années de luttes et craignant avec raison ce premier président retors et frondeur, transigea le 20 décembre 1670. Roger et Lange, notaires à Paris, il reconnut avoir reçu de Me Jean Perrault la somme de 100 écus de 114 sols pièce, valant 570 livres, et concéda que désormais, à chaque mutation, suivant la coutume de Melun, pareille somme serait payée pour droit de quint et requint et 50 écus d'or, du même prix, pour droit de rachat et de relief, échéant soit par donation entre vifs, soit à cause de mort, d'échange et de succession en ligne collatérale.

Par testament olographe du 24 août 1677, Jean Perrault légua la terre de Videlles à Marie-Jeanne Perrault, sa fille. Celle-ci épousa en premières noces Louis Beaupoil de Saint-Aulaire, marquis de Chabannes, et en secondes noces Gilbert-François Rivoire, marquis du Palais. De son premier mariage elle eut un fils, Marc-Antoine Front Beaupoil de Saint-Aulaire auquel, par contrat de mariage, elle donna la seigneurie de Videlles.

En 1723, Marc-Antoine Front Beaupoil de Saint-Aulaire, chevalier, devenu marquis de Laumarye, grand et premier échanson de France, lieutenant des gendarmes de Bretagne, rendit foi et hommage de sa seigneurie à Françoise-Athénaïse Choderlot de La Clos, veuve du marquis de Péry. Son fils, Marc-Antoine, maréchal de camp des armées du roi, rendit les mêmes devoirs à Françoise-Jules Duvaucel, au mois de janvier 1739. Il mourut vers 1760. Son petit-fils ayant renoncé à sa succession, Videlles et Milly passèrent aux mains de Jean-Louis-Antoine Dulau, marquis d'Allemans. Ce dernier rendit foi et hommage, aveu et dénombrement, le 2 juillet 1764, au marquis de La Grandville. Le fief de Videlles était en la possession de ses descendants en 1789.

Viviers en la paroisse d'Orsay.

Le 9 juillet 1453, Bureau Boucher, conseiller et maître des requêtes de l'hôtel du roi, au nom de sa femme héritière de feu Guillaume Pelletier, rendit à Edouard de Beaujeu, chevalier, seigneur d'Amplepuits, de Lignières et de La Bretonnière, à cause de cette dernière seigneurie, en aveu et dénombrement du fief de Viviers, en la paroisse d'Orsay. A cette époque, ce fief consistait en une masure, cour, grange couverte en tuiles; jardin et fossé à poisson : en une pièce de terre de 64 arpents attenant à cette masure; en 4 arpents d'une autre pièce attenant aux propriétés du curé de Villejust; en un arpent et demi de terre tenant aux héritiers Ferrand; en 13 arpents aboutissant sur les mêmes héritiers; en 16 arpents aboutissant sur le grand chemin royal; en 12 arpents attenant au bois de Brétigny; en 3 arpents tenant d'un côté au curé d'Orsay et de l'autre à Bureau Boucher; en 12 arpents appelés la minue tenant d'une part au chemin royal et de l'autre au prieur d'Orsay; en 14 arpents situés le long du chemin de Villejust; en 14 arpents tenant les deux côtés aux héritiers de la veuve Ferrand et d'un bout au prieur d'Orsay; en 3 arpents de terres et prés et en 4 arpents de terre tenant au chemin royal.

Etienne Boucher, élu de Paris, hérita de ces propriétés, en 1491, et prit dès lors le titre de seigneur de Viviers. Il les vendit, au commencement du XVIe, à Louis de Graville, amiral de France, qui à sa mort, les laissa à Jeanne de Graville, sa fille, dame de Marcoussis, Châtres, Saint-Clair de Gometz-la-Ville, Nozay, la Ville du Bois, Villejust et Vivers. Celle-ci, veuve de Charles d'Amboise, maréchal de France et seigneur de Chaumont, rendit foi et hommage du fief de Viviers à Charles Leprince, seigneur de La Bretonnière, au mois de juin 1525. Les offres de Jeanne de Graville ne furent pas acceptées. Le seigneur de la Bretonnière voulut retenir le fief de Viviers par puissance féodale et le fit saisir. Jeanne de Graville, pour contrecarrer les projets de Charles Leprince, fit alors entrer en scène Guillaume Boucher, avocat au Parlement, fils d'Etienne Boucher, élu de Paris. Celui-ci demanda, par retrait lignager, la cessation du contrat de vente passé entre son père et l'amiral de Graville. Il obtint gain de cause, malgré l'opposition de Charles Leprince. Par sentence des requêtes du Palais, en date du 4 novembre 1527, le fief de Viviers fut adjugé et, le 21 juillet 1529, il rendit, en qualité de propriétaire, foi et hommage au seigneur de La Bretonnière, payant pour les droits de quint et de requint la somme de cens écus d'or sol. Peu de temps après, Guillaume Boucher, qui avait mis à néant par cette intervention les irrégularités des précédants contrats, rétrocéda à Jeanne de Graville, alors épouse de René d'Illiers, le fief de Viviers et ses dépendances.

Cette dernière étant morte sans enfant, ses deux neveux, Guillaume de Balzac, seigneur d'Entragues, et Thomas de Balzac, seigneur de Montaigu, Châtres et autres lieux, héritèrent de ses biens. Viviers échut à Thomas de Balzac, qui en rendit foi et hommage à Charles Leprince, le 13 mai 1545. Pour droit de relief, il donna au seigneur de La Bretonnière huit muids et demi de grains. Les deux tiers de blé froment et l'autre tiers d'avoine. Thomas de Balzac mourut en l'année 1583. Il avait eu quatre enfants : Jean de Balzac, chevalier, lieutenant de la compagnie du prince de Condé, seigneur de Châtres, qui mourut avant son père, laissant de son mariage avec Madeleine Olivier une fille unique nommée Anne; Robert de Balzac, seigneur de Montaigu; Charles de Balzac, doyen de Saint-Gatien, à Tours, puis évêque de Noyon, et Souveraine de Balzac.

Quelques difficultés s'étant élevées à propos de la succession de Thomas de Balzac, les héritiers de ce seigneur ne songèrent pas à remplir les devoirs féodaux accoutumés pour le fief de Viviers. Charles Leprince fit saisir ce fief à deux reprises différentes, en 1583 et en 1594. En cette dernière année, il était encore par indivis entre les mains de tous les héritiers de Thomas de Balzac. Ceux-ci durent chacun à son tour, faire les actes de foi et hommage. En cette circonstance, Charles Leprince se montra rigide calviniste envers Anne de Balzac et sa tante Souveraine, et seigneur courtois vis-à-vis du doyen de Saint-Gatien de Tours, alors conseiller du roi, aumônier ordinaire de Henri IV et baron de Saint-Clair. A cause des guerres religieuses, Anne et Souveraine s'étaient retirées à Rouen. Au mois d'août 1594, elles déléguèrent un nommé Pierre Lefèvre pour porter à leur place, au château de La Bretonnière, la foi et l'hommage du fief de Viviers. Pierre Lefèvre s'acquitta de sa mission, mais il eut beau représenter au seigneur suzerain que les guerres publiques, les incommodités de toute sorte, les périls notoires des chemin, joint le sexe, empêchaient Anne et Souveraine de Balzac de venir elles-mêmes remplir leurs devoirs féodaux, Charles Leprince ne voulut rien entendre. Il refusa la foi et l'hommage qui lui étaient présentés, exigeant que ses vassales vinssent en personne remplir les devoirs portés par la coutume, leur donnant à cet effet un délai assez court.

Charles de Balzac vint à son tour; il voulut ôter son épée, ses éperons et mettre un genou en terre pour faire son acte de soumission. Charles Leprince releva l'aumônier du roi, montrant ainsi autant de complaisance envers les abbés que d'exigences envers les dames.

Les biens de Thomas de Balzac ayant été enfin partagés, le fief de Viviers échut à Anne de Balzac. Mariée à François de l'Isle, chevalier, seigneur de Treignel, lieutenant de cent chevau-légers de la compagnie de la reine, bailli et gouverneur de la ville et citadelle d'Amiens, elle rendit en son nom propre foi et hommage du fief de Viviers, le 4 août 1598. Le marquis de Treignel étant mort en 1611, Anne de Balzac fit rendre par procureur les devoirs accoutumés en pareil à Charlotte Camus, femme de Charles Leprince, seigneur de La Bretonnière. Le fief de Viviers, depuis le partage de 1601, dépendant de La Norville, l'accomplissement de ces devoirs fut regardé comme non avenu. En 1612, Anne de Balzac dut les renouveler en présence de Josias Mercier, seigneur de La Norville. Elle se maria en secondes noces, en 1613, à Louis Séguier, baron de Saint-Brisson, chevalier, prévôt de Paris. Le fief de Viviers changeant ainsi de maître, il fallut de nouveau rendre à son sujet foi et hommage au seigneur de La Norville. Louis Séguier de Saint-Brisson crut pouvoir agir par procureur, mais il avait compté sans le mauvais vouloir de Josias Mercier. Celui-ci refusa de recevoir le chargé de procuration et fit saisir féodalement Viviers, le 17 juillet 1613. Louis Séguier voulut résister; il attaqua Josias Mercier devant le Châtelet de Paris, mais il fut débouté de sa demande et condamné par une sentence rendue sur le rapport du conseiller Edeline, le 15 décembre 1618. Il fit personnellement  sa foi et son hommage le 25 janvier de l'année suivante et paya au seigneur de La Norville dommages et intérêts. Louis Séguier et Anne de Balzac, vendirent le fief de Viviers à leur oncle, Robert de Balzac, seigneur de Montaigu, le 4 février 1619, pour la somme de 12,600 livres. A cette occasion, Josias Mercier reçut pour les droits de mutation la somme de 300 livres.

Robert de Balzac, dans cette acquisition, n'avait fait que prêter son nom aux religieux célestins de Marcoussis. Aussitôt après le consentement à la vente et la fixation du prix, il avait déclaré n'avoir agi qu'au nom de ces religieux et le contrat avait été dressé en leur faveur. Josias Mercier, ignorant cette substitution et croyant avoir été trompé par le seigneur de Montaigu, voulut de nouveau faire saisir le fief de Viviers. Avant d'agir il entra en pourparlers avec les Célestins et les difficultés s'aplanirent. Ceux-ci versèrent au seigneur de La Norville une nouvelle de 300 livres pour droit de mutation. En 1620, ils nommèrent pour homme vivant et mourant chargé de représenter leur communauté et d'acquitter les droits féodaux en leur nom Charles Asselin, arpenteur et voyer de la châtellenie de Montlhéry, et passèrent une convention avec Josias Mercier par laquelle ils s'engageaient à donner pour chaque mutation produite par la mort de leur représentant la somme de 180 livres.

Depuis cette année jusqu'en 1776, le fief de Viviers demeura en la possession des Célestins de Marcoussis. A cette dernière date, ces religieux furent sécularisés par deux brefs du pape Pie VI, l'un de 1776 et l'autre de 1778, et leurs biens, le fief de Viviers en particulier, administrés par le receveur général du clergé de France, Messire François-David Bouillon de Saint-Julien, seigneur de Saint-Julien, des baronnies du Bourg-Argental, Fontaine-Française et autres lieux, nommé en cette qualité par arrêt du conseil d'Etat du roi, le 29 mars 1776.

En 1785, la régie du fief de Viviers fut mise sous l'inspection de Mgr de Juigné, archevêque de Paris. Le 8 février 1786, le receveur général du clergé de France présenta à Messire Louis-Jacques Baron, écuyer, conseiller secrétaire du roi en la chancellerie près le Parlement de Besançon, receveur général des finances de la Franche-Comté, seigneur de La Norville, un dénombrement du fief de Viviers qui fait connaître la consistance exacte de ce domaine à la veille de la Révolution Française. Ce dénombrement était composé de trois parties : la première comprenait les domaines anciens existant avant l'abonnement de 1620; la seconde, les domaines acquis depuis cet abonnement; et la troisième, les censives dépendant de Viviers à prendre sur des héritages possédés par des particuliers.

Les anciens domaines consistaient en un manoir seigneurial; en la ferme et métaire de Viviers composée d'une grande maison servant de logement au fermier, écurie à côté, bûcher, laiterie, fournil, poulaillers, bergeries, deux grandes granges à portes cochères et deux hangars, le tout couvert en tuiles, cour close, porte cochère et petite porte cavalière à côté, petit jardin derrière le logement du fermier clos de murs, le tout contenant en fonds de terre deux arpents environ; en 126 arpents 20 perches de terre, au lieu dit Viviers, formant les champtiers nommés le Clos, la mare Graffard et le puits Graffard; 32 arpents 66 perches de terre, au même terroir, appelés la pièce des grands Essarts; 11 arpents 54 perches au champtier de Courtemeulle; 10 arpents 81 perches près la ferme de Viviers; au total : 183 arpents 21 perches.

Les domaines acquis depuis 1620 comprenaient : 4 arpents 24 perches de terre au terroir de Viviers, près la pièce du puits de Essarts; 22 arpents 64 perches au même terroir, sur lesquels était précédemment bâtie la ferme du Petit-Viviers; au total : 26 arpents 88 perches.

Les censives consistaient en 13 sols 6 deniers obole pite parisis, payables chaque année au jour de saint Remy, à prendre sur 6 arpents 89 perches de terre, au champtier de Courtemeulle ou terre Labbé; en 9 sols 6 deniers parisis , payables chaque année à la même époque, à prendre sur 4 arpents 75 perches de terre au même terroir, possédés par la fabrique de Villejust, le curé de cette paroisse et le comte d'Orsay; en 17 sols 6 deniers à prendre sur 8 arpents 75 perches de terre au même champtier, possédés par le comte d'Orsay, Louis Royer et la fabrique de Villejust. Ce fief, avec ses dépendances, déclaré bien national, fut vendu, le 18 janvier 1791, à un nommé Borel, bourgeois de Versailles, pour la somme de 300,300 livres. En 1601, la mouvance de Viviers avait été estimée à 75 écus; en 1681, à la somme de 180 livres.

Bois de Presle.

Vers le milieu du XVe siècle, vivait un nommé Jean de Presle, écuyer. Ce seigneur possédait deux arrière-fiefs à Basville et un certain nombre de terres et de bois dans la paroisse de Boissy-le-Sec, près Villeconin, en la coutume d'Etampes. En 1481, Roberte de Brichanteau, veuve de Adam de Verton et soeur de Charles de Brichanteau, seigneur des Granges, possédait les deux arrière-fiefs de Basville. En 1490, mariée à Robert Piquot, écuyer, elle tenait dans la paroisse de Boissy-le-Sec un certain nombre de terres et en particulier dix arpents de biens fonds, au champtier appelé le Bois de Presle, au nom de Jean de Presle, écuyer, ci-dessus nommé, Roberte de Brichanteau paraît donc avoir été l'héritière de ce seigneur. Le 10 janvier 1491, elle donna à bail les dix arpents du Bois de Presle à Philippe Buisson, laboureur à Boissy-le-Sec, moyennant 5 sols parisis de cens et cinq septiers de blé froment à quatre deniers près du meilleur, chaque septier mesure de Villeconin, payables chaque année au jour de la saint Martin d'hiver. Dans la suite, elle bailla au même terroir, à divers particuliers, 11 arpents 4 perches de bois qui, joints aux dix arpents précédemment concédés, formèrent le fief du bois de Presle, rapportant 8 livres 8 sols 3 deniers, les profits ordinaires des droits de mutation, un cheval de service, et obligeant ses détenteurs aux devoirs féodaux, foi et hommage, aveux et dénombrements au temps et dans les circonstances marqués par la coutume d'Etampes.

Charles Leprince, seigneur de La Bretonnière, reçut en héritage de sa tante Roberte de Brichanteau le fief du Bois de Presle et le vendit ensuite, vers le milieu du XVIe siècle, à Jacques de Pavyot, seigneur de Boissy-le-Sec, s'en réservant la mouvance et les profits. A Jacques de Pavyot succéda Pierre du même nom, écuyer. Celui-ci, en 1578, rendit foi et hommage et, en 1581, aveu et dénombrement du fief du Bois de Presle au seigneur de La Bretonnière. Son Fils Charles accomplit les mêmes devoirs en 1601 et laissa la seigneurie de Boissy et ses dépendances à Charles de Pavyot, écuyer. Cette seigneurie et le fief du Bois de Presle subirent alors un certain nombre de vicissitudes. En quelques années, ils passèrent entre les mains de plusieurs propriétaires. Claude de Pavyot vendit ces domaines au marquis du Rier; le marquis du Rier les céda à Jean de Vienne, conseiller du roi en son conseil d'Etat et en son conseil privé, intendant et contrôleur général des finances. A la mort de Jean de Vienne, arrivée avant l'année 1618, le fief du Bois de Presle appartint par moitié à Elisabeth de Vienne, sa fille, épouse de François de Montmorency, chevalier, seigneur de Précy, comte souverain de Lutz en Basse-Navarre, bailli et gouverneur de la ville de Senlis; et à Marie de Vienne, son autre fille, épouse de Charles de Tiercelin, chevalier, seigneur de Sauveuze, en Picardie.

Dans ces différents changement, on n'avait pas songé à rendre au seigneur de La Norville les devoirs qui lui étaient dus, ni à payer les droits accoutumés. Le 24 octobre 1618, Josias Mercier fit saisir féodalement le fief du Bois de Presle. Il ne donna main-levée, au mois d'août 1619, qu'après avoir reçu la foi et l'hommage des gendres de Jean de Vienne et perçu pour les diverses mutations la somme de 120 livres. La seigneurie de Boissy-le-Sec et le fief du Bois de Presle, après le partage définitif des biens de Jean de Vienne, échurent à Charles de Tiercelin. Celui-ci vendit ces propriétés à Me Henri Leprestre, conseiller du roi en sa cour des aides. Après le décés de ce dernier arrivé vers 1643, le fief du Bois de Presle échut à sa fille Antoinette Leprestre. Mariée à Paul de Sève, seigneur du Plateau, elle vendit à son tour ce domaine à Charles de Pavyot, chevalier, seigneur de Boissy-le-Sec, qui en rendit foi et hommage à Jean-Baptiste Choderlot de La Clos, seigneur de La Norville, le 14 mars 1686.

Le fief du Bois de Presle consistait alors en 10 livres tournois de cens portant lods et ventes, saisines et amendes à prendre sur plusieurs terres, autrefois en bois, sises au lieu dit la vallée sous les esclèches, enclavées dans le territoire de Boissy et tenant aux biens des Célestins de Marcoussis.

Après de Pavyot, la seigneurie de Boissy-le-Sec et le fief du Bois de Presle passèrent à Marie-Madeleine Le Tellier, dame de Fresne et de Saudreville, épouse séparée de biens de Messire Jean Longneau, écuyer, seigneur de Launay. Charles Boyetet de Mérouville, écuyer, conseiller honoraire du roi maison-couronne de France et de ses finances, acquit Boissy-le-Sec et le Bois de Presle de Marie-Madeleine Le Tellier, vers 1735. Son fils Charles-Borromée en hérita et les laissa, en 1765, à son fils Charles-Hector Boyetet, écuyer. Celui-ci en rendit foi et hommage au marquis de La Grandville. En 1789, Boissy-le-Sec et le Bois de Presle étaient encore la propriété de cette famille. La mouvance de ce fief fut estimée, en 1601, à 4 écus; en 1681, à 30 livres.

La Lance.

Le fief de la Lance était situé entre La Norville et chapelle appelée la maladrerie Saint-Blaise, à main droite en allant de Châtres à Avrainville, aboutissant sur le chemin de la grange au prieur, à une centaine de mètres au-dessous du sentier qui conduisait de La Norville à la grande route d'Orléans. Il était régi par la coutume de Paris et consistait en trois arpents de terres et vignes. Outre l'accomplissement des devoirs féodaux ordinaires : actes de foi et d'hommage, aveux et dénombrements, et le paiement des droits de mutation, les possesseurs de ce fief étaient tenus de porter une lance au seigneur de La Norville, le jour de son mariage, ou le jour du mariage de son fils aîné; de même lorsque ce seigneur partait en guerre. C'est de cette coutume que ce fief tira son nom.

Les premiers titres qui s'y rapportent sont de l'année 1535. En cette année, le 29 septembre, ses détenteurs Clément et Louis d'Estréchy, les mineurs Roland Girard, Benoît Robin, Abraham Girard et Jean Pasquier en rendirent foi et hommage à Charles Leprince, seigneur de La Bretonnière. Depuis 1535, le fief de la Lance, toujours composé de plusieurs parcelles de terres, fut possédé par différents particuliers, successeurs des premiers propriétaires par droit d'héritage, de vente ou de bail à rente. En 1780, il appartenait aux nommés Nicolas Le Blanc, Louis Nion, Laurent Boullé, Lepitre, curé d'Epinay puis de Saint-Germain-lès-Arpajon, Jacques Roullier, Etienne Devaux et la veuve Marcoignet.

Le 25 janvier 1609, du consentement de Josias Mercier, seigneur de La Norville et en partie de La Bretonnière, les possesseurs du fief de la Lance portèrent à Charles Leprince, seigneur de La Bretonnière, une lance à l'occasion de son mariage avec Charlotte Camus. Ils agirent de même, le 12 juillet 1648, envers Louis Mercier, lors de son mariage avec Anne Bigot.

En 1601, la mouvance de ce fief fut évaluée à la somme de 4 écus; en 1681, à celle de 70 livres.

La Rue du Clos.

Le fief du Clos était situés dans la ville de Châtres, dans la rue appelée du Clos. Réuni au domaine de La Norville ou de La Bretonnière, il existait, en 1472, lors de la vente de ces deux seigneuries, faite par Jacques de Beaujeu à Pierre Leprince. Dans le partage de 1525, le fief du Clos fut spécialement mentionné. Il consistait alors en 50 sols 2 deniers tournois de cens portant lods et ventes, saisines et amendes, à prendre sur un certain nombre de propriétés dans la rue du Clos. Dans le partage de 1601, il fut rattaché à La Norville avec le fief de la Boucherie.

En 1730, il consistait en 2 sols 24 deniers de cens dus par le marquis d'Arpajon sur le quartier de terre environ planté de marronniers et sur une maison appartenant à ce seigneur; en une livre 9 sols tournois et 13 sols 2 deniers parisis de cens sur un jardin et dix-sept maisons ou granges de la rue du Clos, le tout tenant un côté de cette rue depuis la maison appartenant au marquis d'Arpajon jusqu'à la ruelle aux Ours. Le fief du Clos était dans la mouvance des seigneurs de Châtres. Il fut cédé par le marquis de La Grandville au duc de Mouchy, le 1er août 1772.

Marivatz.

Le fief de Marivatz fut rattaché pendant fort peu de temps à la seigneurie de La Norville. Acheté par François-Jules Duvaucel, le 10 septembre 1738, à Nicolas-Pascal Petit, seigneur de Bois d'Aunay, il fut cédé au duc de Mouchy, seigneur d'Arpajon, le 1er août 1772. Possédé au XVIe siècle par Spire et Louis de Santeny; au XVIIe par les Darras et les Boutet; au XVIIIe par les Petit de La Gallanderie, ce fief consistait, au moment où il fut vendu au duc de Mouchy, en une grande maison, cour devant et jardin, appelée la maison de Marivatz et habitée par le receveur des aides; en une petite maison près de la grande; le tout tenant d'une part, au Midi, à une maison appartenant à un nommé Carvis; d'autre part, à une dame Delille; d'un bout, au levant, à la grande rue d'Arpajon, et l'autre, à la boelle Morand; en 5 arpents environ de pré derrière les deux maisons, avec un canal au milieu entouré de murs, tenant en totalité d'une part, au midi, à la rivière d'Orge; d'autre part et d'un bout, au levant, à la boelle Morand, et d'autre bout, à la rivière de Remarde; en 100 sols environ de cens portant lods et ventes, saisines, défauts et amendes, à prendre, près sis dans la grande rue d'Arpajon, dans la rue Morand, hors la porte Morand, aux champtiers du champ Boudard, des Grouaisons, du puits Morand et de l'Eperon possédés par différents particuliers. Le fief de Marivatz était dans la mouvance de la seigneurie de Marcoussis.

Vallorge.

Le fief de Vallorge consistait en 84 arpents de terre en plusieurs pièces, sises entre Vallorge et La Crosnerie, sur le territoire de Leuville. Ce fief, dépendant originairement de La Bretonnière, échut dans le partage de 1601 à Josias Mercier, qui devint quelques années plus tard seigneur de La Norville. La mouvance de Vallorge possédée, en 1630, par messire Pierre-Jean Olivier, seigneur de Leuville, et, en 1637, par le marquis d'Echainville, fut cédée au seigneur de La Bretonnière par Anne Leprince et son fils Louis Mercier, le 20 septembre 1638.

Les Bois-Défendus.

Le fief de Cochet ou des Bois-Défendus dépendait originairement de La Bretonnière. Il échut à Josias Mercier dans le partage de 1601 et consistait alors en 25 ou 26 arpents de terre sis au terroir de La Bretonnière et anciennement appelés les Bois-Défendus; en 16 arpents de terres labourables et une portion de maison attenant à la ferme du Grand-Cochet; en 6 autres arpents de terres labourables près la même ferme; en 29 arpents et demi d'une autre pièce au même lieu, et en 2 arpents de pré avoisinant le moulin du Petit-Paris. En 1630, ce fief était tenu par le sieur de Gorrys, au nom de sa femme, fille de défunt Bernardin Delorme. Il fut cédé en même temps que Vallorge au seigneur de La Bretonnière, en l'année 1638.

(1) La plupart des renseignements qui se rapportent aux fiefs dépendant de La Norville ont été tirés d'archives particulières. Nous ne noterons que ceux qui viennent d'archives publiques.
(2) Pièces justificatives, n°4.

(M.A.J. 28/07/2001)

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